Juliette GRÉCO est née le 7 février 1927 à Montpellier. Sa mère est résistante. Capturée,Juliette GRÉCO est emprisonnée, toute jeune, à Fresnes, mais elle ne sera pas déportée à cause de son jeune âge. Contrairement à sa mère et sa sœur aînée Charlotte qui seront envoyées à Ravensbrück d’où elles ne reviendront qu’en 1945, après la libération du camp par les Soviétiques.
Début 1942, Juliette GRÉCO est libérée de Fresnes et, après avoir récupéré ses affaires au siège de la Gestapo dans le 16e arrondissement de Paris, elle se retrouve à 15 ans seule et sans ressources avec un ticket de métro en poche.
Juliette GRÉCO se rend alors chez la seule personne de sa connaissance résidant dans la capitale, Hélène DUC, qui fut son professeur de français à Bergerac et une amie de sa mère. Juliette GRÉCO sait qu’Hélène habite rue Servandoni, près de l’église Saint-Sulpice. Celle-ci la loge dans la pension où elle-même demeure et la prend en charge.
Le quartier de Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, Juliette GRÉCO découvre le bouillonnement intellectuel de la rive gauche et la vie politique à travers les Jeunesses communistes. Hélène DUC l’envoie suivre les cours d’art dramatique dispensés par Solange SICARDI. Juliette GRÉCO décroche quelques rôles au théâtre (Victor ou les Enfants au pouvoir en novembre 1946) et travaille sur une émission de radio consacrée à la poésie.
Juliette GRÉCO noue des relations amicales avec de jeunes artistes et intellectuels de Saint-Germain-des-Prés, dont Anne-Marie CAZALIS et Boris VIAN. Jean-Paul SARTRE lui confie une sorte de mélopée qu’il a écrite pour sa pièce de théâtre « Huis clos » et lui conseille d’aller voir le compositeur Joseph KOSMA pour que celui-ci en réécrive la musique qu’il ne trouvait pas réussie.
C’est ainsi que Juliette GRÉCO interprète « Rue des Blancs-Manteaux », œuvre née de la plume du chantre de l’existentialisme et d’un compositeur rompu à l’art de mise en musique de la poésie (notamment celle de Jacques PRÉVERT).
En 1949, disposant d’un riche répertoire (de Jean-Paul SARTRE à Boris VIAN…), Juliette GRÉCO participe à la réouverture du cabaret le Bœuf sur le toit. Juliette GRÉCO rencontre cette année-là Miles DAVIS dont elle tombe amoureuse. Il hésite à l’épouser, ce qui est impensable aux USA (à l’époque, les unions entre noirs et blancs sont illégales dans de nombreux États américains).
Ne voulant pas lui imposer une vie aux États-Unis en tant qu’épouse d’un noir américain, et elle ne voulant pas abandonner sa carrière en France, ils renoncent et Miles rentre à New York à la fin mai.
En 1951, Juliette GRÉCO reçoit le prix de la Sacem pour « Je hais les dimanches ». En 1952, elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la revue « April in Paris ». En 1954, elle chante à l’Olympia. Puis, Juliette GRÉCO rencontre le comédien Philippe LEMAIRE, sur le tournage du film « Quand tu liras cette lettre » de Jean-Pierre MELVILLE et l’épouse le 25 juin 1953.
Ils divorcent en 1956 après la naissance de leur fille Laurence-Marie (née le 24 mars 1954). Juliette GRÉCO repart pour New York et Hollywood la courtise. Elle rencontre le producteur Darryl ZANUCK sur le tournage du film « Le soleil se lève aussi » d’Henry KING en 1957. À présent vivant en couple avec Darryl, Juliette GRÉCO tourne dans quelques-unes de ses productions jusqu’en 1961, notamment « Les racines du ciel », « Drame dans un miroir », « Le grand risque ». En même temps, Juliette GRÉCO achève sa relation avec Darryl ZANUCK.
Au début des années 60, Juliette GRÉCO revient à la chanson et ne la quitte plus. Elle chante Jacques BREL, Léo FERRÉ, Guy BÉART et aussi Serge GAINSBOURG, alors un quasi inconnu. En 1965, Juliette GRÉCO tient un rôle de premier plan dans le feuilleton télévisé « Belphégor ou le fantôme du Louvre ».
Le succès populaire de la série est colossale. La même année, elle tombe amoureuse de Michel PICCOLI. Ils se marient en 1966. Le couple se sépare en 1977.
Au début des années 70, Juliette GRÉCO effectue de nombreuses tournées à l’étranger, notamment en Italie, en Allemagne, au Canada et au Japon, alors qu’en France, son succès semble marquer le pas.
En 1972, Juliette GRÉCO quitte les productions Philips, chez qui elle enregistre depuis plus de vingt ans, pour les productions Barclay et sous ce label sort deux albums : « Juliette Gréco chante Maurice Fanon » (1972) et « Je vous attends » (1974). Nouveau changement de maison de disque en 1975. Elle quitte Barclay pour graver ses deux albums suivants chez RCA Victor : « Vivre » et « Gréco chante Jacques Brel, Henri Gougaud, Pierre Seghers ».
En 1983, chez les Disques Meys, Juliette GRÉCO enregistre un nouvel album « Gréco 83 », sur des textes d’Allain LEPREST ou Claude LEMESLE. Puis, Juliette GRÉCO est faite Chevalier de la Légion d’honneur par le Premier ministre Laurent FABIUS, en 1984.
Juliette GRÉCO retrouve son public de l’Olympia en 1991 et l’album live du concert est édité par Philips. Elle enregistre en 1993, un album écrit par Étienne RODA-GIL sur des musiques de João BOSCO, Julien CLERCl, Gérard JOUANNEST et Caetano VELOSO.
En octobre, un nouvel Olympia précède une tournée. Après une absence discographique de quatre ans, Juliette GRÉCO enregistre, en 1998, pour les disques Meys un album écrit par Jean-Claude CARRIÈRE. Son récital au théâtre de l’Odéon à Paris en mai 1999 est enregistré.
En 2003, Juliette GRÉCO revient chez Polydor avec un nouvel album sur des textes de Christophe MIOSSEC, Marie NIMIER et Jean ROUAULT, Benjamin BIOLAY et Gérard MANSET. L’ensemble est mis en musique par Gérard JOUANNEST et François RAUBER.
Juliette GRÉCO retrouve l’Olympia en 2004. Puis, deux ans plus tard, part pour New York enregistrer un album avec des musiciens de jazz qui parait en France sous le titre « Le temps d’une chanson ». Juliette GRÉCO le chante sur la scène du Théâtre du Châtelet à Paris seulement accompagnée d’un piano et d’un accordéon. En 2007, les Victoires de la Musique la couronnent d’une Victoire d’honneur pour toute sa carrière. En novembre 2008, Juliette GRÉCO enregistre en duo la chanson « Roméo et Juliette » avec Abd Al Malik. Fin 2008-début 2009, Juliette GRÉCO prépare un nouvel album réalisé à partir de textes d’Olivia RUIZ et d’Abd Al MALIK.
Proche de la gauche, Juliette GRÉCO a cosigné, avec Pierre ARDITI, Maxime LE FORESTIER et Michel PICCOLI une lettre ouverte, le 4 mai 2009, à l’intention de Martine AUBRY, première secrétaire du Parti socialiste, appelant les députés socialistes à adopter la loi Création et Internet.
Les années 10 débuteront avec un nouveau documentaire « Je suis comme je suis », de Brigitte HUAULT-DELANNOY, projeté en son honneur et en sa présence à Montréal (Place des Arts). En 2011, le compositeur Louis SICILIANO lui propose d’interpréter avec BICHOU, chanteur vauclusien, une de ses dernières compositions intitulée « Bonjour Paris ».
En janvier 2012, Juliette GRÉCO dévoile un nouvel album « Ça se traverse et c’est beau… », un hommage à Paris. Marie NIMIER, Thierry ILLOUZ, Amélie NOTHOMB, François MOREL, Antoine SAHLER, Philippe SOLLERS, Gérard DUGUET-GRASSER ou encore Jean-Claude CARRIÈRE figurent entre autres parmi les auteurs des chansons de cet album. Melody GARDOT, Marc LAVOINE et FÉFÉ l’accompagnent chacun en duo, et Guillaume GALLIENNE y interprète un texte. En février 2012, elle est pour trois soirs sur la scène du Théâtre du Châtelet de Paris.
Le 12 avril 2012, Juliette GRÉCO reçoit, des mains du maire Bertrand DELANÖE, la Grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris. La même année, sera lancé le disque « ElleSonParis », qui réunira 20 actrices dont Juliette GRÉCO, pour les 20 arrondissements de notre Capitale.
Parmi ses grands succès : « La chanson de Prévert », « La javanaise », « Un petit poisson, un petit oiseau », « Sous le ciel de Paris », « Jolie môme », et bien sûr « Déshabillez-moi » (repris notamment par Mylène FARMER en 1989).
Elle décède le 23 septembre 2020 à l’âge de 93 ans dans sa demeure à Ramatuelle, dans le Var.