Brigitte FONTAINE est née à Morlaix le 26 juin 1939. A 12 ans, elle intègre la troupe de théâtre amateur de Morlaix. Il lui faudra attendre ses vingt printemps, en 60, pour se lancer réellement dans cet univers de saltimbanques qui la tarabuste. Cela ne peut avoir lieu qu’à Paris, elle va à Paris, donc.
Des cours d’art dramatique lui permettent de se mettre plus sérieusement au travail. Mais un amoureux, jaloux de voir jouer sa belle avec des partenaires trop séduisants, la presse de renoncer au théâtre. Va pour l’Amour ! La musique est un bon compromis, qui calme l’amoureux et répond au besoin impérieux de s’exprimer sur scène. Brigitte FONTAINE s’aventure alors dans les cabarets de la Rive Gauche, point central du renouveau artistique parisien. C’est finalement aux Trois Baudets, le célèbre cabaret montmartrois, qu’elle fait ses débuts et retient l’attention de Jacques Canetti – propriétaire du lieu et grand découvreur de talents.
Sa silhouette d’oiseau naufragé, ses élans et son style, déjà très repérable, marquent les esprits. Elle s’intègre avec agilité au petit cercle parisien, reprend des chansons de Boris VIAN, assure des premières parties à Bobino. En 1963, elle participe également aux prestigieux « Mardis de la Chanson », concerts hebdomadaires organisés au Théâtre de la Huchette par Gilbert Sommier.
Forte de sa notoriété grandissante, Brigitte FONTAINE monte en 1964 une pièce intitulée Maman, j’ai peur, qui se joue à la Vieille Grille. Rufus accompagne le projet comme co-auteur, de même que Jacques HIGELIN, dont la rencontre marque un tournant dans la carrière artistique de Brigitte FONTAINE. Grâce à Jacques Canetti, ils sortent successivement deux albums en 1965 : Douze chansons avant le déluge, puis Quinze Chansons d’Avant le Déluge, qui revisitent – de manière très personnelle – le répertoire de Vian.
En 1968, Brigitte FONTAINE sort son premier album en solo : Brigitte Fontaine… Est Folle, réalisé en collaboration avec le musicien Jean-Claude Vannier. L’univers de la chanteuse se peaufine et s’affirme, à la fois dérangeant, sophistiqué et fantaisiste. Cette période est aussi celle de la rencontre avec Areski Belkacem, musicien algérien né en France et ami proche de Jacques HIGELIN. Au contact d’Areski, Brigitte découvre des sonorités venues d’ailleurs et s’inspire des musiques arabes pour composer des titres, précurseurs de la « world music ». Avec Higelin, un trio artistique se forme, qui profitera du théâtre – très expérimental – pour s’exprimer en scène. En 1968 encore, ils créent Niok, une pièce très largement improvisée qui tient durant des mois à l’affiche du Petit Théâtre du Lucernaire.
La sortie du deuxième album solo en 1969, Comme A La Radio, renforce le succès, réel quoique relativement confidentiel, de Brigitte FONTAINE. L’Académie Charles Cros vient couronner ce succès d’estime par l’attribution de son prix.
En 1972, Brigitte FONTAINE offre un nouvel album à son public : Un Beau Matin. Les spectacles du trio Fontaine – Belkacem – Higelin se poursuivent mais le désir de carrière solo de Jacques HIGELIN tend à perturber l’équilibre. Un concert au Théâtre du Ranelagh marque un tournant décisif dans l’évolution de la chanteuse.
Malgré cette rupture désirée avec le – relativement – grand public, Brigitte FONTAINE poursuit ses recherches artistiques avec son compagnon, Areski Belkacem. Période de repli sur l’intime, cependant très intense en créations. En 1973, le couple sort Je Ne Connais Pas Cet Homme, puis L’Incendie en 1974, et Le Bonheur, l’année suivante.
L’année 1977 voit sortir en France un double – album de 29 titres, Vous et Nous, toujours produit en collaboration avec Areski. Puis le couple renoue en 1978 avec le Lucernaire, en montant un spectacle à mi-chemin entre le théâtre et la chanson. Le rythme effréné des albums se poursuit en 1978, avec Les Eglantines Ne Sont Peut-Être Pas Formidables, accompagné d’un nouveau roman, intitulé Madelon. Mais le travail proposé par Brigitte Fontaine, bien que très riche, ne suffit pas à entretenir l’attention du public français. Il faudra batailler et le séduire, à nouveau.
Les années 1980 s’ouvrent avec une adaptation pour la scène de l’un de ses textes, l’Inconciliabule, rebaptisé Acte 2. En 1985, le couple crée un nouveau spectacle au Théâtre de Paris : Made in France. On les voit lors de festivals, Brigitte FONTAINE accompagne son ami Higelin à l’occasion d’expériences jazz, et sort un troisième roman : Paso Doble. Néanmoins, la confiance du public n’est plus acquise : le projet d’album French Corazon sort difficilement sous le label EMI.
A Paris, il faut attendre le 25 octobre 1988 pour retrouver Brigitte FONTAINE en concert, sur scène. Cela se passe au café de la Danse, sans grande aide de la part de la presse. Ne délaissant jamais son oeuvre littéraire, Fontaine propose cette même année un texte au titre significatif : Nouvelles de l’exil. De son travail musical, l’époque ne retiendra que Le Nougat, remarqué grâce à son clip vidéo.
Sa réapparition réelle, dans la presse, a lieu suite à la sortie en juin 1995 de son nouvel album : Genre Humain, édité par Virgin. Etienne DAHO, admirateur depuis toujours, est le producteur de ce disque pour lequel il co-écrit le titre « Conne » et participe à la réalisation de quatre chansons. Pour le reste, c’est toujours le couple Fontaine-Areski Belkacem qui mène la danse et la composition.
En octobre 1997, un nouvel album réalisé avec la collaboration de Alain BASHUNG, Les Palaces, est reçu de manière plus discrète. Mais peu importe : Brigitte FONTAINE est de retour dans les esprits, son talent n’est plus à démontrer.
Puis en 2001, Brigitte FONTAINE annonce dans les médias la sortie de son nouvel album : Kékéland. Un titre en totale harmonie avec l’image de l’artiste : extravagant, drôle et, somme toute, assez mystérieux… Pour ce disque, la chanteuse s’est entourée du groupe new-yorkais Sonic Youth, mais aussi de M et NOIR DESIR. Pour couronner sa carrière, l’Académie Charles Cros lui décerne un prix « In honorem » en novembre 2001.
Rue Saint-Louis-en-l’Ile sort chez Virgin en septembre 2004. Hommage au coin de Paris qu’elle habite et affectionne depuis des années. L’album Prohibition, sorti à l’automne 2009, prouve que Brigitte FONTAINE est l’une des personnalités les plus fortes de la scène française. Son ton cru et désabusé traverse un disque qui invite KATERINE et Grace JONES. Sonnant comme un manifeste, le suivant L’Un N’Empêche Pas L’Autre sorti en mai 2011, fait également le buzz grâce au titre « Gilles de la Tourette ». En 2013, après un rôle dans Le Grand soir de Gustave Kervern, la plus déjantée des Bretonnes n’en finit pas de vieillir en beauté avec J’ai l’Honneur d’Être, bel exemple d’impertinence toujours mis en musique par Areski Belkacem.