Quotas francophones : AZNAVOUR, PERRET, CABREL, SANSON, SOUCHON... se mobilisent
Alors qu’en septembre dernier, le nouveau quota de chanson francophone à la radio semblait satisfaisant (l’amendement voté par l’ex-Ministre de la Culture Madame Fleur PELLERIN empêchait les radios de remplir plus de la moitié de leur quota avec la dizaine de titres français les plus connus, comme ceux de STROMAE par exemple), laissant présager une plus large proportion de la production française – ce que plaident les maisons de disques (voir sur ce lien), voici que la Loi Création vient d’être présentée par les radios commerciales en Commission Mixte Paritaire. Une loi dont l’article 11ter prévoit une mise à plat du système des quotas, créant le début d’une lutte d’influences entre la Sacem et les radios commerciales dites jeunes pour défendre leurs intérêts respectifs.
Selon la loi en vigueur, les stations doivent diffuser entre 35 % et 60 % de titres francophones, une mesure mise en place en 1994 pour soutenir la production nationale ; seulement voilà, la plupart des radios commerciales dites jeunes (type NRJ) rusent en matraquant un nombre réduit de tubes. « Le matraquage d’un ou deux titres sur certaines antennes, c’est effrayant et contre-productif. Cela relève du dressage » déclare la chanteuse JULIETTE dans « Le Journal du Dimanche ». Jean-Noël TRONC, le directeur général de la Sacem, justifie : « Les quotas, c’est la mère de toutes les batailles. ils représentent une protection de l’auditeur contre une forme d’asphyxie culturelle« . De son côté, Gaël SANQUER, directeur des antennes de NRJ pense que « freiner ou plafonner les rotations d’un titre serait comme casser les jambes d’un athlète à mi-parcours« .
Ainsi, Charles AZNAVOUR, Pierre PERRET, Francis CABREL, Maxime LE FORESTIER, Véronique SANSON, Alain SOUCHON, Jean-Jacques GOLDMAN, Benjamin BIOLAY, MIOSSEC, JULIETTE, Nolwenn LEROY, Oxmo PUCCINO… au total près de 1 800 artistes, ont répondu présents à la pétition lancée par la Sacem pour la défense des quotas. Un témoignage de l’ampleur d’une mobilisation inédite, suivie aussi par des écrivains (Erik ORSENNA, Justine LEVY), des dessinateurs (PLANTU) et des réalisateurs (Jean-Pierre DARDENNE, Bertrand TAVERNIER). « On ressent toujours une difficulté à chanter en français, c’est comme si c’était pas normal, alors qu’on est en France et qu’on parle français. On nous pose toujours la question de pourquoi on chante en français ? Moi c’est une question qui me paraît aberrante (rires) ! Ce qui n’est pas du tout le cas au Québec, là-bas ils sont fiers de chanter en français ! » confie Liza WISZINA du duo ÉLÉPHANT à nos confrères de Hotmixradio.
« Je dirai pas qu’y a un gros soucis avec la langue française dans les festivals, mais en tout cas dans les line-up des festivals, y’a pas beaucoup de groupes qui chantent en français. Après nous, on se pose pas la question, c’est les autres qui nous posent la question. Au début à Paris, quand on a essayé de faire des concerts, on s’est pris des vestes de la part de certaines salles qui nous disaient : « bah non, vous chantez en français les gars, on peut pas vous programmer, c’est pas notre style ». Et encore maintenant, on l’entend parfois. En fait, la frontière est mince entre ce qui est un peu branché, ou très variété. Et nous, on est entre les deux » conclut François VILLEVIELLE, la voix masculine du duo.
Thierry Cadet