Quand France Gall influence Rose, Maëlle, Julie Zenatti...
Décédée il y a bientôt deux ans, France GALL, l’icône yéyé, continue d’influencer toute une génération d’artistes. Sa frange, son blond peroxydé, jouant avec malice sur le mythe de la femme-enfant. Elle, et Michel BERGER. Mais comment ceux qui mélangeaient avec audace la langue française et le savoir-faire mélodique des pays anglo-saxons dès les années 70 (« Musique » est une des premières bombes disco en français avec ses basses rondes et groovies, en 1977), peuvent-il encore prendre une place aussi considérable dans l’éducation pop d’artistes français, notamment élevés aux algorithmes Deezer, Spotify ou YouTube ? Grâce à un vrai sens des mélodies, déjà. Ou à l’art de savoir composer de bonnes chanson pop.
« On sent que Michel BERGER n’a pas de grandes influences françaises, qu’il n’a pas particulièrement écouté BREL, FERRÉ et les autres grands noms de la chanson » avance la chanteuse Claude VIOLANTE — dont le premier album est sorti en juin dernier. « Contrairement aux yéyés, il s’inspire nettement plus du jazz, de la soul ou des musiques de Billie HOLIDAY, ce qui a permis à la chanson française d’entrer dans une nouvelle ère, plus moderne ». Claude VIOLANTE, mais aussi FISHBACH ou Juliette ARMANET, se revendiquent du « Paul MCCARTNEY français« . De ce goût des orchestrations à cordes, des intros instrumentales alors inédites en France, offertes à la bande FM. Michel BERGER a su faire sonner un piano autrement que dans une ballade.
En septembre dernier, ROSE dévoile « Kerosene« , un cinquième album aux accents de rédemption, écrit et composé avec son amoureux, le pianiste Romain BERRODIER. Un couple à la scène, comme à la ville. Le premier single issu du disque, « Larmes à paillettes« , et ses boucles disco, est unique. Imaginez juste une chanson qu’aurait écrit Michel BERGER pour Rose. « Recueille-moi » a par ailleurs ce tout petit supplément d’âme de France GALL. « Je suis fière de mon nouveau disque. Vous parlez de variété ? Très bien. Je ne vais pas prétendre avoir écouté BARBARA quand j’étais ado » confie ROSE à « Télérama ».
Le premier opus de MAËLLE, la lauréate 2018 du télé-crochet « The Voice » diffusé sur TF1 (voir sur ce lien), est disponible. Un album aux influences diverses, bien que là encore très axées sur la variété classe et populaire style France GALL et Michel BERGER. « Le pianiste des gares » surtout, avec ses arpèges bondissants. A la manière de « La groupie du pianiste« , la jeune chanteuse, aux 18 printemps, y conte la vie de bohème d’un musicien amateur « un gars dont les parents croient qu’il n’arrivera pas à réussir dans la musique, donc il se retrouve à jouer dans les gares…« . Et de poursuivre à nos confrères de « 20 Minutes » : « Pour que CALOGERO (ndlr : qui a co-composé et réalisé son disque) connaisse mes goûts, je lui ai fait une longue liste de morceaux de tous les artistes que j’aimais : il y avait du Billie EILISH, du Lana DEL REY mais aussi du Michel BERGER, du France GALL…« .
[Rappelons qu’à ses débuts, en 1987, c’est France GALL qui remarque et découvre CALOGERO (avec son groupe CHARTS). Trente-ans plus tard, ce dernier dévoile « Je joue de la musique« , aux évidentes influences de Michel BERGER (« La groupie du pianiste« , notamment)].
Au printemps prochain, Julie ZENATTI proposera son nouvel album dont la couleur musicale s’annonce résolument pop (voir sur ce lien). L’ex-Fleur-de-Lys de « Notre-Dame de Paris« , vient de dévoiler le clip du premier single « Tout est plus pop« , et le moins qu’on puisse dire est qu’elle a dû, elle aussi, user les disques de France GALL et de Michel BERGER. A l’aube de la quarantaine (« Je ne suis pas vieille, je suis vintage !« ), elle évoque ses influences à nos confrères de Pure Charts : « Je sens que les gens qui sont de ma génération et qui ont cette culture-là comprennent et apprécient le clin d’oeil. Ils comprennent pourquoi aujourd’hui je tends vers cette musique-là, qui est très live. On sent cette couleur BERGER/GALL avec la basse et le piano. Cette époque-là, c’est mon enfance ! C’est ce que j’entendais chez moi. C’est le deuxième vinyle que j’ai eu, l’album « Babacar » de France GALL. Je suis arrivée à la musique en français par GALL et BERGER« .
Par Thierry Cadet