Pierre PERRET : "Les Victoires de la Musique, je m'en bats les couettes allègrement !"
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Le grand Pierrot balance ! Celui qui a fêté le 9 juillet dernier ses 80 ans sur la scène de l'Olympia, à Paris, revient avec virulence et sincérité pour le magazine "Platine" sur le projet "Les P'tits Pierrots", notamment, mais aussi sur son absence des Victoires de la Musique ou sur notre société de plus en plus consensuelle. "Les P'tits Pierrots" ? Je suis un peu navré de ce projet très opportuniste. On a voulu se brancher sur mon anniversaire, en montant vite fait un groupe de jeunes choristes. Les gamins n'y sont pour rien, mais n'importe qui aurait pu chanter comme eux. Ça a été enregistré avec un synthé : plus à l'économie, tu meurs ! Ce n'était ni fait, ni à faire …/… On dirait qu'ils chantent avec un métronome. Tout est lisse et carré. On m'a consulté et j'ai donné mon avis, mais on n'en a pas tenu compte : que voulez-vous ? C'est un disque qui n'a rien coûté et avec lequel, ils pensaient gagner de l'argent. C'est très décevant déclare Pierre PERRET.
L'artiste malicieux, aux 50 ans de carrière et aux millions de disques vendus, a publié l'an dernier un coffret 3CD de ses chansons, "L'âge de Pierre". Un coffret regroupant ses plus belles chansons, "Lily", "La cage aux oiseaux" ou "Mon p'tit loup", en passant par les plus grivoises, "Le zizi" en tête ; mais aussi des titres moins connus comme "Moi j'attends Adèle", l'une de ses premières chansons en 1957. L'artiste revient également sur son absence de la cérémonie des Victoires de la Musique, qui avaient en projet de le récompenser pour son œuvre. Je m'en fous complètement (rires) ! Alors là, ça ne me touche pas du tout ! De tous les honneurs que j'ai reçus, je suis bien plus sensible au fait que des établissements scolaires et des médiathèques, portent mon nom …/… Connaître ça de mon vivant me rend très fier : qu'est-ce que je pourrais souhaiter de plus ? Alors, les Victoires, je m'en bats les couettes allègrement ! S'ils attendent que j'aie un pied dans la tombe, pour me rattraper par le colback, ils peuvent s'asseoir dessus ou s'en faire des papillotes de leur machin poursuit-il.
Par ailleurs, "Drôle de poésie", son dernier album regroupant douze nouveaux morceaux, est toujours disponible. Trousseur de calembours, Pierre PERRET y manie avec finesse la langue verte et la poésie. Témoin de son temps, excellant dans l’art du portrait, passant du tableau de mœurs à la constatation acérée, non sans humour… J'avoue qu'aujourd'hui ce qui me chagrine, c'est la confiscation de l'humour à propos de tout. Tout le monde serre les fesses. On a peur de dire du mal du pédé, du juif, du petit, du grand, du moustachu… On ne veut plus dire quoique ce soit, de peur de froisser untel ou untel. Oh la la, putain, mais ça me gonfle ! La période que l'on traverse n'est pas ouverte à mon vocabulaire. Du coup, peut-être que tous ceux qui en ont ras le cul de cette autocensure viennent me voir en concert. Car se sont justement des gens débridés qui ont envie de jubilation ! Quand j'entends ce qui passe en radio, tout me parait si lisse. Aucune station ne se mouille à passer des choses audacieuses.
Thierry Cadet