Lucky BLONDO : Claude FRANÇOIS a eu la chance de tomber sur lui !
Convaincu du talent d’un jeune percussionniste, il a accepté de lui céder l’énorme tube qui allait le lancer aux yeux du public…
Après avoir fait un gros succès avec "Sheila", l’adaptation française du titre du même nom de Tommy ROE, Lucky BLONDO veut doubler la mise via une version hexagonale du "Made To Love" des EVERLY BROTHERS, un tandem qui cartonne depuis 1957 sur le sol américain. Daniel FILIPACCHI, qui fait la pluie et le beau temps sur les ventes de disques, n’attend que de recevoir l’enregistrement pour le matraquer sur Europe 1… Mais au moment d’entrer en studio, la vedette fait marche arrière devant les demandes d’un aspirant au succès qui vient de faire un flop avec "Le Nabout twist" sous le pseudonyme de KÔKÔ. "Claude m’a supplié pendant deux mois de la lui donner. J’ai fini par craquer", explique-t-il dans les colonnes du magazine Platine en 2012.
Il faut dire que Lucky BLONDO est admiratif de la volonté d’un artiste qui pour le moment doit assurer l’alimentaire : "Un jour, il m’a invité à venir le voir sur scène. Il jouait des percussions dans l’orchestre d’Olivier DESPAX qui passait au Théâtre de l’Etoile ou à l’ABC. Ce soir-là, je me suis vraiment rendu compte que ce gars-là, il en voulait vraiment". Lucky devient même son premier défenseur, d’abord au sein du label qu’ils partagent en empêchant son éviction : "C’est moi qui avais dit à TILCHÉ (NDLR : leur directeur artistique chez Fontana) de le garder après son premier disque en arabe "El Nabout"" puis en réclamant davantage de moyens artistiques pour son collègue : "Je lui avais même dit que Claude FRANÇOIS chantait bien et qu’il fallait lui faire faire un vrai disque", avant de lui permettre de rencontrer l’ensemble du Métier (l’aptitude en relations humaines du natif d’Ismaïlia faisant le reste) : "A l’époque, je le sortais un peu partout dans Paris. Il était très show-biz".
50 ans plus tard et après avoir retrouvé son patronyme de Blondiot, Lucky n’est pas le moins du monde aigri : "Cloclo était prédestiné. Il voulait vraiment faire ce métier. Paul (NDLR : LEDERMAN, leur manager commun) et moi, on savait très bien que je ne ferai pas long feu là-dedans. Je ne voulais pas faire carrière". Celui qui s’est reconverti dans la publicité la joue même modeste quant à la première pierre qu’il a apportée à la fabuleuse carrière de l’idole : "De toute façon, il y serait arrivé. Il en voulait vraiment. Chanter c’était sa vie". Et avec sa tête et avec son cœur énorme, ça n’a pas été la même chanson : en un clin d’œil, Claude FRANÇOIS a conquis la France, la submergeant de 600 000 exemplaires de "Belles, belles, belles" !
Vincent Dégremont