Françoise Hardy est décédée

Par Gilles Farina-Vallé
Le 11 juin 2024
13 mins
Françoise Hardy est décédée

Françoise Hardy, icône de la chanson française est décédée. La chanteuse avait marqué plusieurs décennies avec sa voix envoûtante et ses chansons touchantes. Née le 17 janvier 1944 à Paris, elle débute sa carrière au début des années soixante avec des succès comme « Tous les garçons et les filles », qui lui valent une reconnaissance immédiate. Melody Radio rend hommage à cette grande artiste de notre patrimoine musical.

Les années 60 : La première idole yéyé

La chanson comme évasion

Tout commence en 1961 pour Françoise Hardy, encore adolescente lorsqu’elle voit dans France-Soir, une audition de Pathé-Marconi pour devenir chanteuse. Elle, qui grandit avec sa mère et un père absent rêve de devenir chanteuse. Peu sure d’elle, tourmentée par une grand-mère peu aimante, elle écoute les chansons de Georges Guétary, Tino Rossi, Luis Mariano et Charles Trenet. De plus, la vague anglaise déferle sur la France et la jeune Françoise découvre Cliff Richard ou encore Elvis Presley sur Radio Luxembourg anglais. Pourtant, l’audition sera un échec.

Qu’importe, elle qui joue de la guitare depuis un an, s’inscrit au petit conservatoire de Mireille où elle apprendra à chanter et placer sa voix. En novembre 1961, elle signe un contrat chez Vogue, la maison de disque de Johnny Hallyday, alors l’idole des jeunes. C’est l’un des plus beaux jours de sa vie.

Ainsi, les années soixante sont synonymes de succès pour Françoise Hardy. Les premiers 45 tours ne font guère recette, mais la jeune chanteuse s’accroche et passe même pour la première fois à la télévision dan l’émission En attendant leur carrosse en février 1962.

Un raz de marée yéyé

Son image de jeune fille rêveuse et sa musique mélancolique séduisent un large public. Son premier album, sorti en 1962, contient le tube « Tous les garçons et les filles« , qui devient un phénomène générationnel. En effet, Françoise devient une star le 28 octobre 1962. Alors que la France entière attend les résultats du référendum sur l’élection au suffrage universel direct du Président de la République, son titre passe lors d’une intermède musicale. Immédiatement, avec ses textes introspectifs et sa voix douce, elle incarne une nouvelle sensibilité dans la chanson française. A la fin de l’année, près d’un demi million d’exemplaires seront vendus et devient la première icone yéyé avant Sylvie Vartan et Sheila.

En parallèle de son succès naissant, elle rencontre à l’été 1962, Jean-Marie Périer chargé de la photographier pour le magazine Salut les Copains. Rapidement, ils tombent amoureux.

En ce début des années 60, Françoise Hardy devient une figure emblématique non seulement en France, mais aussi à l’international. Ses chansons sont traduites et elle conquiert des marchés comme l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Elle sera d’ailleurs la seule artiste française yéyée à percer outre Manche, avec Richard Anthony.

Sa présence scénique, marquée par une élégance discrète et une certaine timidité, la rend encore plus attachante aux yeux du public. Elle collabore avec des artistes renommés et participe à des émissions de télévision, augmentant ainsi sa notoriété et nous livrant des titres emblématiques de la vague yéyé comme « Mon ami la rose » (1964) ou encore « l’amitié » (1965) ou « La maison où j’ai grandi ».

Enfin, n’oublions pas que juste après mai soixante-huit, elle revient avec un énorme tube signé Gainsbourg, une adaptation de Gainsbourg, « Comment te dire adieu« .

Françoise Hardy et Jacques Dutronc : Une relation mouvementée

C’est durant ces années fastes qu’une rencontre va changer la vie de Françoise Hardy : celle avec Jacques Dutronc. Les deux artistes se rencontrent en 1963 pour la première fois dans les bureaux de chez Vogue. Il lui écrira d’ailleurs Le temps de l’amour.

®BENAROCH/SIPA/1503311815

Pourtant, en 1966, l’artiste cherche un guitariste. Elle ne voit presque plus Jean-Marie Périer, leur emploi du temps étant bien souvent incompatibles… Dutronc décline sa proposition de devenir son guitariste mais une amitié se crée entre les deux stars de la variété française. Malgré son attirance pour la belle Françoise, Jacques Dutronc s’apprête à se marier ! Pris de panique, il annule tout trois jours avant le mariage avec sa compagne Gislaine.

Pourtant, en septembre 1967, Françoise Hardy invite tous ses amis dans sa maison corse de Monticello achetée en 1964. La bande d’amis remarque l’intérêt réciproque des deux chanteurs. Un beau matin, la maladie d’amour a fait deux nouvelles victimes…

Ainsi, leur relation, bien que marquée par des hauts et des bas, devient l’une des histoires d’amour les plus mythiques de la chanson française. En effet, Françoise Hardy souffre des absences de Jacques Dutronc. Elle en souffrira toute sa vie, malgré l’immense amour réciproque que les deux artistes se portent. Ils vivent ensemble à partir de la fin des années soixante, formant un couple à la fois glamour et énigmatique. Leur union est officialisée par le mariage en 1981, après quatorze ans de vie commune, un événement qui fait les gros titres de la presse.

Un titre parle à merveille de leur relation fluctuante : Voilà.

Les années 70 : Naissance et chef d’œuvre

Les années 70 seront également prolifiques pour Françoise Hardy. En effet en 1973,la chanteuse sort l’album « Message personnel », produit par Michel Berger. Cet album est considéré comme un tournant dans sa carrière, marquant une évolution vers une musique plus orchestrée et introspective.

La chanson titre, « Message personnel », écrite par en collaboration avec Michel Berger est un succès immédiat et devient l’un des titres les plus emblématiques de sa discographie. L’album inclut également d’autres titres marquants comme « Première rencontre« , « L’Amour en privé« et « Je suis moi« .

Le 16 juin de la même année, Thomas Dutronc voit le jour pour le plus grand bonheur de Françoise et de Jacques assagi et attentionné. En effet, ce dernier accepte même d’emménager avec elle !

À la fin des années soixante-dix, juste avant de se lancer dans la radio, Françoise Hardy opère un virage artistique audacieux. Elle sort trois albums aux influences funk et jazz, avec la participation de Michel Jonasz, illustrant sa capacité à se réinventer tout en restant fidèle à son essence.

Cette période est également marquée par une certaine distance entre elle et la scène musicale dominante, mais Françoise Hardy continue de séduire son public avec sa sincérité et son talent. Malheureusement, ces trois albums n’auront pas le même succès que ses précédentes créations.

Les années 80 : Union et chansons

Françoise Hardy années 80

Au début des années quatre-vingt, leur mariage marque un tournant dans la vie de Françoise Hardy. En parallèle, elle continue de produire de la musique, avec des chansons mémorables, bien que certaines soient reçues de manière mitigée, comme « Tirez pas sur l’ambulance » en 1982. Durant cette période, elle collabore avec Louis Chedid sur « Moi vouloir toi » (1984) et sort l’album « VIP » (1986), produit par son ami Jean-Noël Chaléat. Elle écrit aussi pour d’autres artistes, tels que Diane Tell et Julien Clerc, et chante en duo avec Étienne Daho en 1988.

Les années 90 : maturité et renouveau

®Roland Godefroy

En 1992, Françoise Hardy devient mentor pour le jeune chanteur Alain Lubrano, avec qui elle enregistre le duo « Si ça fait mal« . Puis en 1994, alors qu’elle avait envisagé de mettre fin à sa carrière musicale, elle revient avec « Le Danger« , un album acclamé par la critique malgré un succès commercial modeste. En 2000, elle sort « Clair obscur« , un album où son fils Thomas Dutronc commence à collaborer avec elle. Elle y chante également un duo émouvant avec Jacques Dutronc, « Puisque vous partez en voyage« . Cet album connaît un grand succès, obtenant un disque d’or et une nomination aux Victoires de la musique.

Les années 2000 : Distinctions et combats

En 2003, Françoise Hardy publie un nouvel ouvrage sur l’astrologie, une de ses passions. L’année suivante, elle sort un nouvel album intitulé « Tant de belles choses« , qui lui vaut le titre d’artiste de l’année aux Victoires de la musique en 2005. De plus, en 2006, elle est honorée sous la Coupole de l’Institut de France, recevant la Grande Médaille de la chanson française. Elle sort son album « Parenthèses » (2007), incluant des duos avec des artistes comme Maurane et Julio Iglesias. Ce dernier devient disque de platine. Enfin la même année, elle publie ses mémoires, où elle aborde ouvertement les infidélités de Jacques Dutronc et d’autres aspects personnels avec une franchise caractéristique.

Trois ans après, Françoise Hardy sort « La Pluie sans parapluie« , qui lui vaut encore une nomination aux Victoires de la musique. Elle continue de travailler sur de nouveaux projets, y compris un premier roman intitulé « L’Amour fou ». Son engagement et sa créativité semblent inépuisables, prouvant que même après des décennies de carrière, elle reste une force vive de la chanson française.

Quelques années plus tôt, en 2004, la chanteuse apprend qu’elle souffre d’un lymphome dont elle se remettra en 2016. Malheureusement la maladie prend le dessus et en 2019, la chanteuse confie à nouveau à la presse souffrir d’un cancer du larynx.

Courageuse face à la maladie, Françoise Hardy s’engage dans le droit à mourir dans la dignité au travers d’interventions médiatiques et d’une lettre ouverte à Emmanuel Macron, Président de la République.

Le dernier voyage

Aujourd’hui, c’est avec une grande tristesse que nous apprenons la disparition de Françoise Hardy. Son influence sur la musique française et internationale est indélébile, et son héritage artistique continuera de résonner pour les générations futures. Toute la France est en deuil et n’oubliera jamais la première idole yéyé.

Ainsi, toutes les équipes de Melody adressent leurs pensées à Françoise Hardy ainsi qu’à ses proches.

Retrouvez notre programmation hommage à Françoise Hardy sur Melody Radio.

Sans oublier notre hommage en direct sur les réseaux sociaux à 11h et 18h .

Gilles Farina-Vallé

CREDITS PHOTOS : XDR LIBRE DE DROIT / Vittoriano Rastelli / Joost Evers / Anefo /Steve Schapiro