Chronique du nouvel album de Michel Jonasz "La Méouge, le Rhône, la Durance"
De l’eau a coulé sous les ponts depuis la dernière production de Michel JONASZ il y a 8 ans maintenant. Et d’eau, il en est question avec La Méouge, le Rhône, la Durance, œuvre qui place la Nature au centre des préoccupations de l’artiste au groove si caractéristique.
Une incartade mélancolique avant de retrouver le groove naturel
Avant de commencer les choses sérieuses, Michel JONASZ se permet une courte incartade mélancolique avec On était bien tous les deux, ballade que l’on pourrait rapprocher de certaines compositions de Monsieur Eddy MITCHELL. Sur le même canal, Traverser la mer à la nage se veut pour sa part une véritable déclaration de fidélité à l’être aimé et ce depuis de nombreuses années. Un ravissant moment.
Mais très vite, le groove naturel du personnage revient au galop dans ce Baby c’est la crise, véritable reflet de notre société. Certes l’époque est à la complainte mais une chose perdurera toujours…c’est l’Amour. Et c’est bien là l’essentiel.
Sombre est la nuit nous fait découvrir pour sa part un talent caché du sieur Michel JONASZ à savoir sa capacité à faire dans la mélopée arabisante. Et avouons-le de suite, elle est des plus réussies : avec ces ouds fleurant bon l’Orient, nous voilà instantanément propulsés dans un conte des 1001 nuits. Certainement la pièce maîtresse de l’opus.
Un album qui incite à profiter des petits bonheurs de la vie
Retour des évocations aquatiques avec ce titre éponyme à l’atmosphère planante et empreinte de spiritualité. Dans un slam habité, l’artiste se demande « pourquoi vouloir saisir l’insaisissable », pourquoi ce besoin de tout connaître au point d’en oublier de se laisser surprendre par la beauté de la Nature. Il est temps de relativiser.
Ainsi dans une certaine suite logique, Le bonheur frappe à la porte incite de ce fait à voir un peu moins la vie en noir et à profiter des petits bonheurs que celle-ci peut nous offrir. Ou quand la parole de Michel JONASZ devient progressivement celle d’un Sage.
A peine le temps de frémir face à l’oubli via La maison de retraite que le maestro préfère se rassurer au bord de la quiétude d’un rivage marin. Océan (cet album avançant décidément au fil de l’eau) souligne en effet la passion de l’artiste pour cette vaste étendue devant laquelle il s’incline. Seul regret à avoir, une fin d’album musicalement un peu poussive.
Michel Jonasz en a encore sous la semelle
Fort heureusement, ces Nuits tropicales façon bossa viennent réchauffer nos oreilles par un subtil hommage au voyage. Le tout dans un jazz cuivré si charismatique. Rien que pour ce type de titres l’on est heureux d’observer que Michel JONASZ en a encore sous la semelle. Que ce soit au niveau du groove (pas un hasard si la tournée se nomme ainsi), des valeurs affirmées ou même de l’interprétation, on sent que les diverses activités non musicales ont nourri l’esprit innovant du chanteur.
Ce constat atteint d’ailleurs son paroxysme avec La planète bleue résonnant comme une ultime note d’espoir face aux multiples désastres et notamment écologiques. « Accueillir l’étranger et l’enfant perdu » c’est aussi ça la richesse du monde qui nous entoure. Et c’est ce que veut nous faire retenir Michel JONASZ, bien aidé par les fûts de Manu Katché dans un final en apothéose.
Dans cet opus, Michel JONASZ navigue ainsi entre deux eaux, le souvenir d’un côté et l’optimisme de l’autre. En résulte une embarcation des plus solides qui nous emporte avec plaisir dans cette pérégrination musicale. Alors, que vous ayez ou non le pied marin, n’hésitez pas à voguer sur La Méouge, le Rhône, la Durance !
Par Alexandre Melody