Chronique du nouvel album de CHRISTOPHE "Christophe Etc. (Vol.2)"
La saison s’apprêtant décidément aux albums de duos, c’est à présent au tour de CHRISTOPHE de nous proposer sa production ou plutôt sa récidive, le premier opus étant sorti en mai dernier. Le moustachu, jamais avare de nouveautés, nous suggère onze revisites aussi bien de tubes que de morceaux plus confidentiels ou offerts à d’autres.
CHRISTOPHE, nous le savons, est cité par nombre d’artistes de la Nouvelle Génération comme une référence. Par ces rencontres, c’est une sorte de transmission qui s’opère et une véritable exploration de territoires musicaux inconnus.
Un album convaincant
L’album s’ouvre alors sur un Océan d’amour et ce qui s’apparente à des cris de cétacés au lointain. Mathilda, sorte de Lana del Rey tricolore, sublime un titre qui ne manquait déjà pas de volupté. On commence fort.
Et le rythme ne faiblit pas puisque CHRISTOPHE décide de vivre pendant quelques minutes la Dolce Vita avec son fils spirituel Julien Doré. Tels deux crooners en terrasse place Navone, peu de mots sont nécessaires pour souligner cette évidente complicité.
Mais CHRISTOPHE, c’est également un compositeur de grand talent. En atteste ce malicieux Boule de flipper écrit pour Corynne CHARBY. Dans un arrangement furieusement actuel, la reprise semble admirablement coller au timbre sensuel et délicat de Juliette Armanet. De quoi rendre l’album convaincant.
On ne pourra hélas en dire autant des titres réservés à Pascal OBISPO puis Laetitia Casta, qui, s’ils sont bien construits, n’arrivent pas selon nous à déclencher une émotion suffisante. Un léger bémol qui n’entache cependant pas le talent des deux interprètes.
De multiples instants de grâce
Parmi ces multiples instants de grâce, l’homme aux lunettes teintées s’autorise une petite récréation en compagnie du truculent Philippe Katerine décidément dans tous les bons coups ces temps-ci. Sur le papier, l’on s’attendait à un grand moment…et ça l’est ! Cette rythmique pop léchée couvre un Katerine flirtant avec la justesse mais bien vite pardonné tant l’on sent qu’il vit intensément le morceau.
Et à propos de justesse, c’est souvent à quitte ou double que l’on joue quand il s’agit d’Arno et de son caractère espiègle. Heureuse surprise, le belge s’applique et s’implique dans ces Paradis perdus afin de nous gratifier d’une interprétation des plus poétiques.
On retrouve ensuite le goût de CHRISTOPHE pour les sonorités eighties à travers une version des Marionnettes que n’auraient pas reniés The CURE. Et que dire de cette majestueuse reprise du Beau bizarre en compagnie d’Arthur Teboul de Feu! Chatterton. Accompagné de cordes comme pouvait l’être Dangereuse, le binôme moustachu nous livre une revisite empreinte de solennité. Certainement Le titre à retenir de l’opus.
Avant de conclure par un remix de la juteuse Tangerine hommage à Alan Vega, Christophe emmène, dans une ultime incartade électro, la très tendance Jeanne Added. Il n’en fallait pas davantage pour nous convaincre de la pertinence des choix musicalement entrepris par l’interprète d’Aline.
Un Christophe plus que jamais ancré dans son époque
Cet album nous convainc, s’il en était encore besoin, que CHRISTOPHE est plus que jamais ancré dans son époque. Ce dernier, véritable ingénieur sonore, a su définitivement mettre de côté son style 60s pour développer une ère d’expérimentations comme peut le faire depuis des décennies son collègue et ami Jean-Michel JARRE.
Alors certes ce virage risque d’en perdre plus d’un, mais après avoir ouï et apprécié cette succession de standards revisités, l’on ne peut que sortir ragaillardi de ce qui a tout d’un bain de jouvence électronique.
Bref, si vous vous sentez l’âme d’un explorateur, n’hésitez pas à faire un détour du côté de ces deux volumes de Christophe etc., un brin déroutants mais capables de vous donner le frisson.
Alexandre Melody