Le privilège : l'autre visage de Michel Sardou ?
On a pendant longtemps collé de multiples étiquettes à Michel Sardou. Chanteur de droite, artiste réactionnaire, homophobe ou encore misogyne. Ceux qui l’on connu dans les années 70 avec Le rire du sergent, L’épouser pour un soir ou Le temps des colonies se souviennent sans aucun doute d’une chanson de 1990 : Le Privilège. Aujourd’hui, Melody TV vous propose de revenir sur cette merveilleuse chanson, dénonçant l’amalgame entre l’homosexualité et la perversion et modifiant une fois pour toute l’image du chanteur.
Est-ce une maladie ordinaire ?
Écrite par Michel Sardou et Didier Barbelivien, Le privilège met en lumière les interrogations d’un adolescent s’apprêtant à faire son coming out. Dans une société où l’homosexualité demeure tabou, le garçon s’interroge sur l’acceptation de sa différence par ses parents.
Ainsi, les mots sont choisis avec justesse et précision. « Les ravages de la passion » que Michel Sardou évoque dans le premier couplet, met en lumière le mal être du jeune homme. Le public comprend qu’il souffre de ne pas dévoiler aux yeux du monde ce qu’il ressent au fond de lui. De plus, dans ses moments de doutes, le garçon se demande si il n’est pas tout simplement malade d’aimer un autre homme…
D’abord je vais lui dire « maman »
« Je n’veux plus dormir en pension »
Et puis je glisserai lentement
Sur les ravages de la passion
Est-ce une maladie ordinaire
Un garçon qui aime un garçon?
Au fil de la chanson, Sardou et Barbelivien nous décrivent les certitudes de ce jeune homme. De fait, il aime les garçons du fond de son âme au fond de son cœur. Et c’est sur ça que les deux auteurs insistent : l’amour. En aucun cas et nulle part dans la chanson, il n’est fait référence à la sexualité de manière explicite. Bien évidement que dans ses rêves il est la poupée que l’on déshabille… mais c’est tout ! Le privilège est avant tout une chanson d’amour et sur la difficulté du coming out.
Est-ce qu’ils m’accepteront encore?
La souffrance de ses sentiments n’est rien face à la difficulté d’avouer à ses proches la nature même de son amour. En voulant crever l’abcès qui le ronge, le personnage incarné par Michel Sardou s’inquiète de la réaction de ses parents. En effet, est-ce qu’ils accepteront cette différence ? Ou est-ce qu’il sera rejeté ? Là encore, l’amour prime !
Remarquez ces vers :
Ce n’est pas comme avouer un mensonge
D’ailleurs, je n’ai pas honte de moi
En deux vers, Sardou et Barbelivien synthétisent la détresse, la sincérité et l’amour de ce jeune homme. le mensonge et la honte n’ont pas de place dans sa vie. Ce dernier souhaite simplement dire à ses parents qui il est vraiment. Qu’importe leur réaction…
Ceux qui font tourner les manèges
En réalité, la honte viendrait de l’extérieur de la maison familiale ou du collège. C’est là aussi un message fort du Privilège. En effet, ceux qui font tourner les manèges sont certainement les personnes influentes ou de pouvoir considérant en majorité, l’homosexualité comme une maladie.
Pourtant, en s’en remettant à Dieu, le personnage incarné par Michel Sardou s’interroge sur la possibilité d’être protégé comme tous les autres. La préférence, le privilège d’être aimer et protéger doit-il seulement être réservé aux garçons hétérosexuels ? Notons également que le jeune homme incarné par Sardou se met dans la peau des autres garçons, ce qui renforce d’autant plus sa difficulté à annoncer à ses parents sa différence.
Ainsi, Le privilège de Michel Sardou est une merveilleuse chanson. Un titre dans lequel le chanteur rompt avec certaines étiquettes homophobes qu’on a voulu lui coller dans les années 70. Sous une merveilleuse musique composée avec Jacques Revaux, Sardou nous offre là l’une des plus belles chansons sur la banalisation de l’homosexualité à l’image de Comme ils disent de Charles Aznavour.
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