Quel était le message de Michel Sardou dans le bac G ?
« Vous passiez un bac G, un bac à bon marché »… Voilà un alexandrin qui a fait couler beaucoup d’encre et susciter des réactions jusqu’au sommet de l’état. Adepte des sujets de société, Michel Sardou sort en 1992 son dix-neuvième album studio avec comme titre étendard, le bac G., mais est-ce réellement une chanson dénigrant ce bac technologique ? La polémique était-elle justifiée ? Revenons sur ce succès de Michel Sardou !
Un contresens depuis tant d’années ?
Tout est parti du Figaro Magazine. En effet, Michel Sardou s’inspira d’un éditorial de Louis Pauwels intitulé » Lettre à l’être ». Outre le remarquable sujet de philosophie, le journaliste expliquait son regret de ne pas avoir répondu à une lettre d’un jeune homme se demandant « Faut-il désespérer » ?
Il n’en faut pas plus au chanteur pour trouver l’inspiration. Cette lettre, Sardou va la faire sienne ! Au fil des couplets, on découvre peu à peu son contenu. Enfin, pas vraiment, car le chanteur ne se souvient que de quelques détails de cette lecture sans doute rapide.
Ainsi, la force de la chanson réside dans cette personnification de l’éditorial. Comme si le chanteur nous racontait son regret de ne pas avoir répondu à ce jeune qui lui a écrit. Bien évidemment, le « je » renforce le caractère personnel de la chanson, mais on retrouve surtout les allusions subtiles au métier d’artiste :
J’étais je n’sais plus où, enfoncé jusqu’au cou dans ma vie personnelle
Cette angoisse éternelle du déclin qui rend fou
On comprend alors que Michel Sardou exprime une double peine à l’origine d’un contresens de 30 ans. En effet, le chanteur mêle deux histoires dans ses paroles. La première, celle d’un jeune perdu lui écrivant une lettre auquel il ne répondra pas. La seconde, celle d’un artiste perdu entre la crainte du déclin et la peur du temps qui passe.
Or, lorsque Sardou chante les fameux vers polémiques, il relate en réalité les paroles de ce jeune. Comme si ce dernier disait à la star de la chanson française : » je passe un bac G, un bac à bon marché qui ne vaut rien dans un lycée poubelle… Mes horizons sont bouchées mais faut-il désespérer ? ».
Touché par ses mots, mais n’ayant pas donné suite à la lettre, Sardou lui répond en chanson tout en évoquant les doutes du déclin d’un artiste. Ainsi, la subtilité du message réside dans l’imprécision des souvenirs du chanteur. Plusieurs fois, Michel Sardou évoque le fait que le temps a effacé les détails de cette lettre manquée.
Vous passiez un bac G, un bac à bon marché
Dans un lycée poubelle, l’ouverture habituelle
Des horizons bouchés
Votre question était « faut-il désespérer »
Vous l’aurez compris, il ne s’agit donc pas d’une chanson dénigrant le bac G. Il ne s’agit pas non plus de remettre en cause les formations technologiques. Non, il s’agit simplement d’un texte relatant les similarités entre un jeune étudiant et un chanteur de variété. Qu’importe les parcours, tout deux sont perdu dans la crainte d’un avenir incertain…
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