Nancéen et fils d’antiquaires et décorateurs (papa est un professeur d’histoire de l’art reconverti), Bertrand Charles Elie Couture, dit Charlélie, puis CharlElie, est né le 26 février 1956. En 1959 naît son frère, Jean-Thomas, qui deviendra comédien, chanteur et acteur, sous le nom de Tom Novembre. La famille est complétée par une petite Sophie.
Charlélie COUTURE s’initie très jeune au piano grâce à sa grand-mère (qui lui fait découvrir les grands compositeurs français – Ravel, Debussy – et le jazz), puis apprend également la guitare. La boutique d’antiquités familiale l’incite à sculpter le bois dans un proche atelier d’ébénisterie. Il expose photos et dessins dès l’âge de quinze ans, puis devient photographe officiel de diverses manifestations culturelles. La disparition de son aïeule l’incite en 1973 à parcourir l’Europe, assumant pour vivre quelques petits emplois.
Son premier album, 12 Chansons Dans la Sciure (1978), est une auto-production éditée à mille exemplaires, handicapée dans sa carrière par le refus du chanteur de s’installer à Paris, mais qui lui vaut de participer l’année suivante au Printemps de Bourges et de voir édité son deuxième disque, Le Pêcheur (1979). En 1981, son brillant cursus de cinq ans à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts achevé, Charlélie COUTURE expose ses oeuvres et fonde le Local à Louer, ensemble pluridisciplinaire réunissant poètes, photographes, dessinateurs et peintres : Couture se considère déjà comme un peu des quatre. Il conceptualise à cette occasion une attitude consistant à trouver des interconnections entre les différentes activités créatrices humaines que sont l’écriture, les arts graphiques, et la musique, le tout développé dans son Art-rock Manifesto.
Toujours en 1981, Chris Blackwell, Jamaïcain blanc et découvreur de Bob MARLEY, produit Charlélie COUTURE (le premier dans ce cas) sur son label Island Records. Comme l’affirme la légende, un spectateur de l’un des concerts du Nancéen a simplement adressé une cassette de la prestation au patron de label… Le premier album pour la compagnie internationale, enregistré aux Bahamas, sort la même année (Pochette Surprise). Enregistré cette fois à New York (studio Electric Lady, cher à Jimi Hendrix), en compagnie de musiciens américains, l’album Poèmes Rock, entraîné par le simple « Comme un avion sans ailes », est quant à lui un autre succès.
L’album Quoi Faire (1982) est enregistré dans un moulin anglais où est installé un studio mobile. Dès cette époque, le chanteur prête la plus grande attention au design des pochettes de ses disques. CharlElie COUTURE se fait très tôt la spécialité des musiques de films (il en compose dix-sept, dont celle de Tchao Pantin – une nomination aux Césars – en 1983, film de Claude Berri, renommé pour avoir offert son premier rôle dramatique à COLUCHE, dont le compositeur assurait les fins de spectacle en 1980, au mythique et parisien Café de la Gare). La même année sort l’album Crocodile Point, enregistré au Québec et mixé à Nassau.
En 1984, Charlélie COUTURE assure une tournée en Asie et édite des albums de ses dessins. L’année suivante, il enregistre l’album Art & Scalp, pour une fois en France. 1986 voit son installation à Paris. Le projet duel Solo Boys (1987) et Solo Girls (1988) rencontre un vrai succès, en particulier grâce à la chanson « Aime-moi encore au moins ». L’album en public 3 Folies Live (triple album en édition originale) est enregistré en 1989 sur la scène des Folies-Bergères et en appui de cette thématique. Particularité : le premier soir des concerts est réservé aux filles, le deuxième aux garçons, le troisième aux couples.
Durant la même période, Charlélie COUTURE compose la musique du premier film de l’Américain (installé en France) John Lvoff, La Salle de bains. C’est en 1988 qu’il fait ses débuts sur un plateau de cinéma (The Moderns d’Alan Rudolph), compose la musique du film Le Crime d’Antoine et poursuit la publication de ses dessins. Les albums Melbourne Aussie (1990) et Victoria Spirit (1991), ainsi que deux romans (Les Dragons en sucre et Le Couloir des brumes) sont inspirés par de fréquents séjours en Australie. Dans le même sens, le chanteur expose toiles et dessins dans plusieurs galeries européennes. En 1992, il compose la musique du film La Petite amie d’Antonio de Manuel Poirier (avec Sergi Lopez). En 1993, Souvenirs Live offre des réminiscences des tournées 1991 et 1992. Les expositions se multiplient.
L’album Les Naïves (1994) inspire un spectacle chorégraphié (Concert naïf au pays des anges, joué sur la scène du Théâtre de l’Odéon) par le spécialiste de la danse contemporaine Philippe Découflé. Fidèle en amitié, Charlélie COUTURE compose les musiques des nouveaux films de Lvoff et Poirier. En 1995, le chanteur adapte en français les chansons de l’Américain Randy Newman, utilisées pour le film Toy Story. La même année, l’album Down Town Project (accueillant Mike Rimbaud, Elliott Sharp et d’autres musiciens américains) peine à trouver son public.
Dès 1996, en pionnier affirmé du Web, il conçoit son site – Les Champs paraboliques – en constante évolution grâce à la technologie digitale. Si l’album Casque Nu (enregistré à Chicago) est proposé en 1997, l’année suivante est l’occasion d’une importante tournée africaine. En 1999 est édité l’album Soudé Soudés. En 2000, CharlElie COUTURE crée le premier concert interactif sur l’antenne de Canal+ : via le net, les spectateurs peuvent choisir leurs angles de caméra, les chansons souhaitées et poser des questions au chanteur durant l’entracte.
En 2001, le chanteur célèbre ses vingt années de carrière grâce à l’album 109, sous-titré Poèmes Electro, en référence à son album Poèmes Rock. Il s’agit de son vingt-deuxième album, qui vaut bien un passage sur la scène de l’Olympia de Paris. En 2002, son père décède et CharlElie COUTURE indique souhaiter ne plus être identifié que par son prénom. En 2003, il est élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur. En 2004 est édité l’album Double Vue. L’album est composé en compagnie d’artistes français ou américains rencontrés sur la Toile et, pour la première fois, CharlElie chante sur des musiques composées par d’autres.
En 2006, l’album New Yor-Coeur, enregistré aux États-Unis et dans les conditions du live, est appuyé d’une importante tournée promotionnelle à travers la France. Il en est de même avec le disque suivant Fort Rêveur, distribué en janvier 2011 pour la modique somme de 6 euros selon le voeu de l’artiste. L’album caractérisé par sa sonorité blues électrique (le simple « Quelqu’un en moi ») est appuyé par une tournée qui voit CharlElie COUTURE renouer avec le public francophone. En 2014, c’est toujours depuis son atelier-galerie-studio de New York qu’il envoie une nouvelle carte musicale : l’album ImMortel, qu’il écrit et compose intégralement, est réalisé en collaboration avec Benjamin BIOLAY.
Faux dilettante (il a enregistré plus de vingt albums), CharlElie COUTURE a toujours souhaité transporter son imaginaire si particulier sur scène, donnant plus de mille cinq cents concerts à travers le monde. Son approche musicale intuitive, sa poésie de l’étrange et sa voix rauque et traînante en font l’un des artistes les plus originaux des années 1980-1990. Il s’est toujours attaché à ne pas se laisser enfermer dans la sclérose des habitudes et éprouve le plus grand mal à pratiquer un certain jeu promotionnel, voulu par les lois du marché