Nicola Sirkis est-il du “3ème sexe” ?
Énigmatique Nicola SIRKIS. 40 ans après ses débuts, en 1981, le fondateur et chanteur du groupe new-wave INDOCHINE est un OVNI pour toute la scène musicale française.
Rendu célèbre par la mythique chanson « L’aventurier », qui a contribué à lancer la carrière de son groupe, ce dernier a aussi fait beaucoup parler de lui avec son tube « 3e sexe ». Alors, hymne de libération sexuelle pour la jeunesse des années Mitterrand pas encore « désenchantées » ? Message dissimulé sur la sexualité de son leader ? Ou tout simplement chanson efficace voire un peu provoc’ ? Une chose est sûre, « 3e sexe », sorti en 1985, était un tube résolument moderne pour son temps.
“Une fille au masculin, un garçon au féminin”. Nicola Sirkis nous avoue-t-il à demi-mot qu’il est du 3ème sexe ? Les cheveux longs, le visage maquillé, des tenues très androgynes, un style pas vraiment genré : Nicola Sirkis fait tout pour entretenir le doute… comme Mick JAGGER, David BOWIE… et tant d’autres depuis les années 70 sur la scène internationale. En France, les chanteurs androynes sont plus rares. Il y a une dizaine d’années, il y a eu Patrick JUVET. Nicola, lui, ne souhaite pas que l’on lui colle une étiquette, ni qu’on en colle une à la jeunesse. Le message de la chanson est clair et même un peu féministe : personne ne doit être mis dans une case. A l’époque, le groupe est vivement critiqué pour ses prises de position dans ses textes. “3e sexe” nait en réponse à cette “chasse aux sorcières” dont le groupe commence à être victime, après seulement trois ans de succès.
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Dans une interview donnée à Brut en 2020, Nicola Sirkis témoigne :
“À l’époque tout ce qui était différent, que ça soit tenue vestimentaire, attitude, provoquait toujours une sorte de réaction assez difficile.”
Lui qui a écrit le texte en un jet, alors encore adolescent, avait déjà conscience des problèmes sociétaux autour de la sexualité et du genre. Il avoue avoir lui-même été victime de harcèlement par rapport à la manière dont il s’habillait, jugée trop féminine.
Inspirée par le titre “Masculin féminin” de Jean-Luc Godard, avec Chantal GOYA, un film sorti en 1966, la chanson est même, lors de sa première écoute, mal comprise par la maison de disques et par certains membres du groupe. Nicola Sirkis insiste : cette chanson n’est pas un coming-out : “C’est une chanson sur la tolérance en général”. Une tolérance sexuelle pourtant difficilement admise à une époque où être du “3ème sexe” – même ponctuellement, le temps d’un baiser – était compliqué, d’autant plus qu’avec le fléau du Sida, les gays étaient considérés comme « responsables » de cette maladie.
En 2020, le chanteur d’INDOCHINE a d’ailleurs repris son tube sous le titre “3 SEXE” avec l’artiste Christine and the Queens. Pas un choix fait au hasard. En effet, celle-ci se définit comme “non-binaire”, c’est-à-dire résultant d’un troisième sexe qui n’est ni le masculin ni le féminin !
Grâce à ce duo, la chanson double la force de son message « politique » grâce au mélange des voix féminine et masculine, remettant au goût du jour une problématique sociétale qui a malheureusement peu évolué depuis 1985.
Une preuve de plus que cet hymne transgénérationnel appelant à la tolérance sexuelle n’a pas pris une ride et qu’il est plus que jamais d’actualité !
A l’occasion des 40 ans de carrière du groupe Indochine, retrouvez une programmation spéciale sur Melody :
- Une pêche d’enfer à Strasbourg, avec INDOCHINE et Patrick HUSSON : le 1er juin à 20h40 (INÉDIT)
- Platine 45, avec INDOCHINE : le 1er juin à 21h15 (INÉDIT)
- Toutes folles de lui, avec INDOCHINE et Eros RAMAZZOTTI, le 4 juin à 20h40 (INÉDIT)
- EUROTOP, avec INDOCHINE et Joe COCKER : le 4 juin à 22h (INÉDIT)