Edith PIAF : son compagnon a refusé de l’épouser parce qu’elle était catholique !
Des lettres récemment rendues publiques nous apprennent sa souffrance amoureuse…
Quittée par Yves MONTAND par télégramme : « Te supplie de ne plus me revoir – Tu as peut-être raison – Suis trop jeune pour toi », alors qu’elle venait de lui permettre de rencontrer un large public et d’accéder à des auteurs et compositeurs prestigieux, Édith PIAF n’a pas connu davantage de bonheur avec son « poulain » suivant.
Après avoir engagé LES COMPAGNONS DE LA CHANSON pour faire ses premières parties en avril 1946, elle écrit le 10 juin sa nouvelle joie de Pygmalionne à son confident Jacques BOURGEAT (décédé en 1966, ce dernier a demandé dans son testament que leurs échanges ne soient pas publiés avant l’an 2000) : « Je crois, non je suis sûre, que je l’aime vraiment et suis sûre aussi qu’il ne me décevra pas car il ne m’a jamais menti ». « Il », c’est Jean-Louis JAUBERT, le leader du groupe vocal. Pendant presque un an et demi, Jean-Louis fera tourner la tête d’Edith, qui n’aura de cesse de promouvoir sa formation, modernisant son répertoire, créant avec elle « Les Trois Cloches » et la prenant en ouverture de ses galas.
En octobre 1947, Édith PIAF emmène même les COMPAGNONS dans ses bagages lorsqu’elle va chanter en Amérique. Si la bande de JAUBERT suscite l’enthousiasme du public new-yorkais lors des premiers concerts, il n’en est pas de même pour la vedette, qui déçoit des spectateurs espérant voir une Parisienne sensuelle de carte postale… et n’entendent que des chansons tristes interprétées par une petite femme vêtue de noir. La presse française fait ses choux gras de l’échec de PIAF, doublée par le groupe qu’elle chaperonne. Cette nouvelle rivalité impacte le couple, déjà miné par les envies de mariage d’Edith repoussées par Jean-Louis. En effet, après 15 mois de liaison, celle-ci estime être en droit de passer devant monsieur le maire. Cependant, Jean-Louis est juif et prétexte avoir promis à sa mère de n’épouser qu’une femme de la même confession.
Après avoir appelé de ses vœux cette union, celle qui porte autour de son cou la médaille de Sainte Thérèse de Lisieux depuis qu’elle a été guérie de sa kératite après un pèlerinage sur sa tombe est dévastée : « Il paraît qu’il a fait le serment à sa mère de ne jamais se marier avec une catholique […] J’ai passé des nuits à pleurer tant j’étais désemparée ».
C’est une nouvelle désillusion pour la Môme, qui relate à Bourgeat ses peines infligées par des hommes toujours intéressés : « Tous ces hommes qui passent leur temps à me décevoir, à me faire du mal et de la peine, me dégoûtent […] J’ai soif de calme, de douceur, je ne suis pas faite pour avoir des tas d’amants, j’en ressors chaque fois plus écœurée que jamais. J’en voudrais un seul, un bien, un propre. Si je les trompe, c’est de leur faute, je ne les respecte pas parce qu’ils ne me respectent pas eux-mêmes, ils ont toujours besoin de moi, comment puis-je croire à leur amour, on ne se sert pas d’une femme que l’on aime ! ».
Dès le 4 novembre 1947, Édith PIAF annonce à Bourgeat son changement de cap et sa passion pour Marcel CERDAN (dont on pense généralement qu’elle n’a débuté qu’en mars 1948) : « Je t’envoie Marcel CERDAN, je voudrais que tu l’aimes autant que je l’aime, c’est un garçon tellement droit et qui m’aime tellement sincèrement, sans calcul, comme ça, avec son cœur tout propre […] Avant ses matchs, il fait le signe de croix, il est épatant. Jean-Louis m’a tant déçue […] Pense que, même sous menace de séparation, il refuse de m’épouser, j’en ai marre, je vaux mieux que lui. Depuis que je suis avec lui je ne l’ai jamais trompé, mais maintenant, c’est fait. Je l’ai averti loyalement de ce qui allait arriver, il en a pris la responsabilité, tant pis pour lui et si tu savais combien Marcel m’aime, combien il est sensible […] Tu comprends, c’est un garçon du peuple, un électricien, un gars qui s’est fait tout seul et qui reconnaît qu’il lui manque des tas de choses ».
Malheureusement, Marcel CERDAN est déjà marié. La chanteuse ne peut le voir que dans une semi-clandestinité… jusqu’au décès tragique du boxeur, dont l’avion s’écrase, le 28 octobre 1949, sur la route de New-York, où Édith PIAF l’attendait.
Vincent Dégremont