Philippe CHATEL : "Tout le monde veut s'approprier BRASSENS"
Au printemps dernier, Philippe CHATEL lançait la production de son nouvel album sur le site MyMajorCompany (voir sur ce lien). Dix mois plus tard, l'idée semblait avoir été abandonnée puisque "Renaissance", le nouveau disque de compositions originales du chanteur en seize ans (faisant suite à "Anyway" paru en 1990), est annoncé chez EPM, porté par le single "Quelque chose pour toi". Il faut dire qu'entre temps le label créé par Michael GOLDMAN, a décidé de cesser le financement participatif. Un opus au sein duquel les fans de Philippe CHATEL pourront découvrir dix nouvelles chansons ainsi que les versions originales de ses tubes, notamment "J't'aime bien Lili", "Ma lycéenne" ou "Mr Hyde".
Philippe CHATEL était récemment l'invité de Frédéric ZEITOUN dans "Melody de ma vie". L'occasion pour lui de revenir sur les artistes qui lui ont donné envie de faire son métier, et notamment… Georges BRASSENS. "J'avais une admiration pour lui, sans bornes, que j'ai d'ailleurs toujours. J'étais très excité à l'idée d'être avec lui, surtout qu'il était vraiment très gentil, très bon, et ça se voyait dans son regard d'ailleurs …/… C'est vrai que c'est un peu énervant parce que tout le monde veut s'approprier BRASSENS. Mais en fait, les chansons de BRASSENS appartiennent à ceux qui les aime. Y'a des tas de gens dans la rue qui adorent BRASSENS, sans le connaître, ses chansons font partie du patrimoine maintenant. Chacun a son p'tit BRASSENS en lui …/… Du temps des émissions des CARPENTIER, quand BRASSENS faisait son "N°1", il m'invitait systématiquement. Il ne m'oubliait pas" se souvient l'artiste.
Parmi ses maîtres, BRASSENS donc (qui acceptera d'endosser le rôle du hérisson dans son conte musical pour enfants "Emilie Jolie"), mais aussi Henri SALVADOR, Alain SOUCHON, Stevie WONDER ou THE BEATLES. "BRASSENS et SALVADOR travaillaient beaucoup. Ça ne sentait pas, c'était pas laborieux. Comme TRÉNET par exemple, les chansons de TRÉNET ne sont pas laborieuses, elles ne sentent pas la bougie, et elles paraissent légères, mais il faut beaucoup de travail pour arriver à ce résultat …/… SOUCHON, VOULZY, Yves SIMON et moi, on était dans la même maison de disques, donc on faisait souvent des télés ensemble, on partait en Suisse, en Belgique, et on était assez copains, on était assez proches, bien que nos univers soient différents. Chez SOUCHON, ce qui me touche c'est sa qualité d'écriture, que je trouve extraordinaire. C'est le meilleur d'entre nous, il a des éclairs de génie. Il a inventé une nouvelle façon d'écrire des chansons, avec son style télégraphique, des images, des rimes qu'on n'attend pas. Je trouve que c'est un très très grand".
Et parmi la jeune génération ? "Benjamin BIOLAY. J'aime beaucoup certaines de ses chansons, je trouve qu'il a beaucoup de talent. Des gens comme ça qui passent à la radio et que je ne connaissais pas, parce que j'étais quand même un peu dans mon monde médical, et on écoutait pas la radio à l'hôpital donc je suis passé à côté de plein de choses"
En 2006, Philippe CHATEL sera victime d'un grave accident de quad près d'Aix-en-Provence. Après avoir été placé dans un coma artificiel, et séjourné en soins intensifs, il a souffert notamment d'une perforation du poumon et de plusieurs côtes cassées. Aujourd'hui, Philippe CHATEL en a toujours quelques séquelles dont une légère paralysie faciale au niveau de la mâchoire. "Si vous m’aviez dit il y a encore un an que je reviendrais, je ne l’aurais pas cru. Il m’aura fallu dix longues années pour me remettre sur pied. Pendant toutes ces années, je ne vivais plus, je survivais. Quand je me suis réveillé à l’hôpital après trois mois de coma, j’étais prisonnier de mon corps, au point de ne pouvoir bouger que l’index de la main gauche. Étant intubé, il m’était impossible de communiquer avec les médecins, de leur demander : "Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Est-ce que je vais rester toute ma vie sur ce lit ? Pourrai-je à nouveau bouger ?" Ce qui m’a plongé dans une terrible angoisse. Ce n’est pas rien ce que j’ai vécu : un infarctus du myocarde, trois mois de coma, une côte qui a traversé un poumon, un œil qui est sorti de son orbite, un bras brisé… Au moment de l’accident, je suis tombé dans la Durance, où j’ai failli me noyer. Et comme j’ai bu à moi tout seul la moitié de la rivière, j’ai fait plusieurs infections pulmonaires. À trois reprises, les médecins ont appelé ma femme pour lui dire : "Venez, parce qu’il ne passera pas la nuit". Je suis un miraculé" confie-t-il à nos confrères de "France Dimanche".
Thierry Cadet