Léo Albert Charles Antoine FERRÉ est né le 24 août 1916 à Monaco, fils de Joseph FERRÉ , directeur du personnel du Casino de Monte-Carlo, et de Marie SCOTTO, couturière d’origine italienne. Léo FERRÉ a une sœur, Lucienne, de deux ans son aînée.
Léo FERRÉ s’intéresse très tôt à la musique, dès l’âge de 7 ans il intègre la Chorale de la Maîtrise de la cathédrale de Monaco en tant que soprano. A 12 ans il nourrit un amour d’enfance pour un certain Alberto, mais se moquera pourtant des homosexuels durant les années 50 au sein du poème « La tante », texte publié dans « Poète… vos papiers ! ».
À 14 ans, Léo FERRÉ compose le Kyrie d’une messe à trois voix et une mélodie sur le poème « Soleils couchants » de VERLAINE. En cachette, Léo FERRÉ lit les auteurs considérés comme subversifs par les Frères chez qui il est abrité : VOLTAIRE, BAUDELAIRE, VERLAINE, RIMBAUD, MALLARMÉ.
Adolescent, Léo FERRÉ devient pigiste pour le journal « Le petit niçois » comme critique musical. Il passera et obtiendra son baccalauréat de philosophie au lycée de Monaco. Son père refuse qu’il s’inscrive au Conservatoire de musique.
En 1945, deux ans après avoir épousé Odette SHUNCK, qu’il a rencontrée en 1940 à Castres, et alors qu’il est toujours fermier et occasionnellement » homme à tout faire » à Radio Monte-Carlo, Léo FERRÉ rencontre Édith PIAF qui l’encourage à tenter sa chance à Paris. Léo FERRÉ a 29 ans.
« Ils broyaient du noir », « L’opéra du ciel », « Suzon », sont à ce jour les plus vieux enregistrements connus de Léo FERRÉ (au milieu des années 40). Ils furent retrouvés par son fils, Mathieu FERRÉ , dans le bureau de son père. Mêlés à un amoncellement de partitions et de manuscrits, Léo FERRÉ découvre une demi-douzaine d’enregistrements sur disque en pyral (constitué d’une feuille d’aluminium ou de zinc recouverte d’une laque). La plupart sont totalement inutilisables et seules trois chansons purent être récupérées.
À la fin de l’été 1946, Léo FERRÉ s’installe dans la Capitale. Il obtient un engagement de trois mois au cabaret Le Bœuf sur le Toit où il s’accompagne au piano. Il se lie d’amitié avec Jean-Roger CAUSSIMON, à qui il demande s’il peut mettre en musique son poème « À la Seine ». Ensemble, régulièrement ils feront plusieurs chansons particulièrement appréciées du public comme « Monsieur William », « Le temps du tango », « Comme à Ostende » ou « Ne chantez pas la mort ».
Pendant sept longues années Léo FERRÉ doit se contenter d’engagements aléatoires et épisodiques dans les caves à chansons de la capitale : Les Assassins, Aux Trois Mailletz, L’Écluse, La Rose Rouge, Le Trou, le Quod Libet, ou encore le Milord l’Arsouille, parvenant quand même à se faire une réputation, et à placer quelques titres chez les interprètes de l’époque, Renée LEBAS à Édith PIAF, en passant par Henri SALVADOR, Yvette GIRAUD, LES FRÈRES JACQUES, et surtout Catherine SAUVAGE.
En 1947, Léo FERRÉ signe son premier contrat avec un éditeur musical. Il s’agit de la maison d’édition proche du parti communiste Le Chant du Monde. Six ans plus tard, il rejoindra le label Odéon pour cinq années – dévoilant treize 78 tours, une trentaine de super 45 tours (inclus les rééditions), trois 33 tours 25cm et six 33 tours 30cm originaux.
Les années 50 verront Léo FERRÉ en première partie de Joséphine BAKER, pour la première fois sur la scène de l’Olympia.
Au début des ann
ées 60, Léo FERRÉ rejoint le label florissant d’Eddie BARCLAY. À l’instar d’un Georges BRASSENS ou d’un Jacques BREL, Léo FERRÉ est à présent considéré comme un grand de la chanson française et du music-hall, où il maîtrise ses effets. Les grands succès populaires voient le jour, « Paname », « Jolie môme » (précédemment interprété et popularisé par Juliette GRÉCO et repris avec succès par Florent PAGNY en 1999), « Thank you Satan », « Pépée » (sur la mort de son chimpanzé).
En 1967, BARCLAY censure la chanson « À une chanteuse morte ». Léo FERRÉ intente un procès à son label, qu’il perdra. La même année, à l’occasion du centenaire de la mort de BAUDELAIRE,Léo FERRÉ consacre un double-album au poète (faisant suite à l’opus « Les chansons d’Aragon chantées par Léo FERRÉ « ).
Le succès de « C’est extra » en 1969 élargit considérablement son audience, tout particulièrement auprès de la jeunesse. Toujours en 1969, Léo FERRÉ rencontre Jacques BREL et Georges BRASSENS lors d’un entretien pour RTL. Le cliché deviendra culte. Léo FERRÉ s’établit ensuite en Italie, entre Florence et Sienne.
En 1970, sa maison de disques écarte « Avec le temps » du double LP « Amour anarchie ». Sortie à la sauvette en 45 tours, cette chanson tragique inspirée de ses propres désillusions deviendra un classique instantané, le plus grand succès de Léo FERRÉ , qui ne cesse d’être repris en France et à l’étranger (notamment DALIDA).
En 1973, Léo FERRÉ épouse sa compagne Marie-Christine DIAZ. L’année suivante, suite à une accumulation de différends, Léo FERRÉ quitte la firme BARCLAY.
En 1976, il signe chez CBS. Puis, en 1979, il se résout à assurer lui-même la production de ses disques.
Durant les années 80, Léo FERRÉ participera au sixième Printemps de Bourges et publiera en 1982 le triple LP « Ludwig – L’Imaginaire Le Bateau Ivre » (faisant suite à « La violence et l’ennui »), souvent considéré comme un des sommets de sa discographie. L’année d’après ce sera l’épique quadruple album « L’opéra du pauvre ». La décennie 80 verra le rapport entre FERRÉ et son public se modifier pour aller vers une plus grande connivence, débarrassée de l’hystérie idolâtre des années 70. En témoigne le récital donné au Théâtre des Champs-Elysées en 1984, qui balaye quatre décennies d’un travail d’écriture poétique ininterrompue.
À partir de 1990, Léo FERRÉ termine tous ses récitals par « Avec le temps », qu’il demande au public de ne pas applaudir, disparaissant dans le silence vers le néant des coulisses, sans rappel.
En 1991, pour ce qu’il sait être son dernier album et à l’occasion du centenaire de la mort de RIMBAUD il choisit de s’effacer derrière le poète en disant/psalmodiant « Une saison en enfer » seul au piano.
Hospitalisé fin 1992, Léo FERRÉ doit annuler sa rentrée parisienne au Grand Rex. Léo FERRÉ fonde les éditions musicales La Mémoire et la Mer afin que ses ayants droit puissent mieux veiller à l’utilisation future de son œuvre. Sa dernière apparition publique a lieu à la Fête de l’Humanité où l’a invité Bernard LAVILLIERS, avec qui il chante devant plusieurs milliers de personnes « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » de Louis Aragon et « Les anarchistes ».
Léo FERRÉ décèdera chez lui le 14 juillet 1993 à l’âge de 76 ans, des suites d’une maladie qui le taraudait depuis plusieurs années. Léo FERRÉ est inhumé à Monaco, dans l’intimité.
Léo FERRÉ reste une des références incontournables de la chanson française, mêlant l’amour et la révolte, le lyrique et le populaire, l’érudition et la provocation, l’ironie et le dramatisme, le minimalisme et la démesure épique. Léo FERRÉ est considéré comme un poète marquant de la deuxième moitié du XXe siècle, avec une expression riche et profonde, où l’influence du surréalisme se fait sentir notamment dans la deuxième moitié de l’œuvre enregistrée.
Par ailleurs, Léo FERRÉ a refusé de recevoir le Grand Prix de la Chanson Française en 1986, d’être fait Commandeur des Arts et Lettres, de soutenir François MITTERAND contre la promesse d’avoir à sa disposition un orchestre symphonique de premier ordre, et d’être l’invité d’honneur des premières Victoires de la musique en 1987.
En 2009 ont été inaugurés la place et le square Léo FERRÉ , à Paris (XIIe arrondissement). En 2012, la première école de musique à porter son nom est à Martignas sur Jalle en Gironde. Plusieurs salles de concerts, et une médiathèque à Grigny, portent son nom.